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Les 100  Femmes

Il est aujourd'hui essentiel de rééduquer son œil, de ré-apprivoiser son regard et de reconquérir sa bienveillance. Apprendre à poser ses yeux sur son corps avec douceur et tendresse, c'est comprendre que la beauté émane de chacun d'entre nous.

Se réhabituer à voir la multiplicité des corps, de leurs formes, de leurs carnations, de leurs lignes… c'est observer la beauté chez l'autre pour mieux déceler la notre, c'est redécouvrir son éclat pour briller avec celui des autres. Faire corps avec les autres corps pour se libérer des codes.

 

Il est étonnant de voir la rapidité avec laquelle l’œil se rééduque une fois mis au contact d'une riche variété de physionomies et à quel point notre perception de la beauté même s'en voit transformée en un rien de temps.

 

Une femme nue est tellement forte. Elle dégage  quelque chose de sauvage, d'indompté et d'indomptable : une puissance primitive à l’œuvre depuis la nuit des temps.

Se mettre nue, se mettre à nu, c'est se relier aux premières mères de la vie, aux premières femmes qui enfantèrent l'humanité. C'est se rappeler la chaleur de la grotte, la texture de la roche, l'herbe sous ses pieds, la lumière palpitante du feu qui danse, le rythme sourd des tambours et les bruissements sauvages des bêtes habitant la lisière des ombres.

Se mettre nue, c'est reconquérir ses forces, abattre ses défenses pour mieux prendre les armes de la vies, celles qui crient au monde : me voici !

 

ET les voici, ces femmes puissantes, rayonnantes et rebelles . Les voici mes belles, mes sœurs, mes sorcières. Libres et sauvages. Libres et vivantes.

 

Cent femmes est un projet au long court qui grandira à mesure qu'il ira à la rencontre des femmes. Il commencera avec ces photos, envoyées par ces femmes. Ces femmes nues. Nues et courageuses. Nues et audacieuses. Ces femmes qui m'on fait confiance et qui ont répondu à l'Appel. À partir de chacune de ces photos sera réalisée une linogravure, un tirage sera envoyé en cadeau à la femme qui a fait don de sa photo, un autre restera partie de l'exposition et d'autres seront vendus pour soutenir le projet. Cette exposition se voudra itinérante, elle viendra se poser où on voudra bien la montrer. Et pour chaque lieu, des rencontres, des performances, des cercles de paroles, des conférences, des ateliers et bien d'autres choses encore seront organisés. À chaque fois, les femmes seront invitées à y participer et ce sera pour moi l'occasion de récolter de nouveaux portraits.

 

 

Ce projet est né de l'envie de donner encore plus de sens à ma pratique. Je n'ai plus eu envie de dessiner uniquement des femmes prises au hasard d'une photo qui m'aurait séduite, mais bien plutôt de dessiner les femmes qui en auraient envie, celles avec qui quelque chose se serait tissé, quelque chose se serait passé, celles qui auraient choisi d'intégrer cette exposition: celles pour qui ce projet aurait été un appel vibrant de leur entière féminité. J'ai eu envie que leur nudité soit comme un cadeau. Un cadeau pour moi, pour faire vivre ce projet, mais surtout un cadeau pour elles-mêmes.

Le cadeau de s'offrir la force, le courage et l'amour nécessaire pour se mettre à nu et en partager l'image.

 

Ce projet a habité les recoins de ma tête pendant quelques années, il m'a accompagné, il a cheminé à mes côté, il s'est transformé… et puis un beau jour il est né. Sans trop savoir vers quoi je m'engageais, j'ai lancé l'appel. Pensant tout d'abord récolter quelques réponses audacieuses, je me suis vite rendu compte de l'enthousiasme et de l'élan qu'il éveillait chez de nombreuses femmes. J'ai été éblouie devant un tel engagement, un tel engouement chez toutes ces femmes dont la plupart ne s'était même jamais photographiées nues avant. Et j'ai compris que ce projet allait bien au-delà de tout ce que j'y avais mis en premier lieu . Il répondait à un besoin essentiel, primaire, des femmes d'être vues, accueillies, aimées pour ce qu'elles sont au plus profond d'elles-mêmes. Aimées en entier : sans fard ni masque, sans apprêt ni filtre. Aimées. Aimées et regardées. Vues pour ce qu'elles sont, vues pour qui elles sont.

 

Et mes dames, sachez combien je vous aime. Combien votre confiance aveugle me rempli de gratitude, de force et de courage. Combien j'ai envie de travailler à vos côtés pour mener à bien ce projet et le mener aussi loin qu'il voudra bien aller.

 

Quand je ferme les yeux : je rêve. Je rêve de cette exposition migratoire qui sillonnerait les routes du monde et ne cesserait de grandir. Je rêve de rencontres, d'embrassades, de spectacles, de danses, de cercles, de performances. Je rêve d'échanges vivants dans ce monde aujourd'hui si figé. Je rêve de ce lien qui se tisserait à jamais de femme en femme, chacune offrant fébrilement sa nudité et recevant celle de toutes les autres.

 

Aujourd'hui les premières pierres sont posées : j'ai une fabuleuse quantité de portraits à partir desquels travailler, des dizaines de volontaires pour m'envoyer de nouvelles photos, et un réseau qui petit à petit se crée.

Merci

Mothering Mother

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